Research
• Updated
16 March 2021
IJN

Disorientation, a perspective for understanding the complexities of spatial cognition and the human mind

Interview with Pablo Fernandez Velasco, PhD student at the IJN.

Pablo Fernandez Velasco is a philosopher. He is doing his PhD at the Institut Jean Nicod, under the supervision of Roberto Casati, director of the institute. Pablo has just won the ninth annual essay prize of the Centre for Philosophical Psychology of the University of Antwerp, an award he sees as a sign of encouragement. On this occasion, he talks about his career and his research on disorientation.

PABLO

Un parcours guidé par la philosophie et les sciences cognitives

Après avoir étudié la philosophie et les sciences cognitives à l’Université d’Edimbourg, Pablo Fernandez Velasco souhaitait rejoindre l’Institut Jean Nicod pour y effectuer son doctorat. L’environnement riche et exceptionnel de l’IJN ainsi que le cadre pluridisciplinaire du DEC ont largement motivé le jeune chercheur. "L'IJN est vraiment le lieu idéal quand on étudie la philosophie et les sciences cognitives" dit-il avec enthousiasme. "J'aime aussi beaucoup le fait que l'IJN soit hébergé par le DEC parce que cela signifie que vous êtes entouré de personnes qui abordent les mêmes questions sous un angle différent, ce qui est incroyablement stimulant." Enfin, le jeune chercheur avait très envie de travailler avec Roberto Casati dont les travaux de recherche portent notamment sur l’orientation et la navigation.

L’étude de la désorientation spatiale, un sujet interdisciplinaire

Le lien de la désorientation avec de nombreuses questions relatives aux processus affectifs, à la métacognition et à la navigation, ainsi que le lien avec un large éventail de disciplines - cadres dans lesquels ce phénomène a déjà été abordé - ont largement contribuer à éveiller l’intérêt de Pablo Fernandez Velasco. "Cela signifie que lorsque vous observez la désorientation, vous êtes automatiquement en contact avec un large éventail de disciplines » précise-t-il. « En ce qui concerne mes recherches, l'affirmation centrale de ma thèse est que la désorientation est un sentiment métacognitif. Plus précisément, je soutiens que la désorientation est un processus affectif qui évalue et régule les processus de navigation active. Fondamentalement, lorsque quelque chose tourne mal dans l'orientation d'une personne, la désorientation s'installe." Pablo Fernandez Velasco est particulièrement intéressé par la façon dont la désorientation peut transformer notre expérience consciente. "L'endroit où nous nous trouvons peut devenir soudainement inconnu sous l'effet de la désorientation, et il y a un sentiment de diminution, d'impuissance, dit-il. D'une certaine manière, l'étude de la désorientation nous permet également de comprendre comment l'orientation sous-tend notre expérience ordinaire, en influençant notre perception de l'environnement que nous occupons et même notre sentiment de soi et d'agence au sein de cet environnement." Travailler au sein d’une équipe dirigée par Roberto Casati dont les recherches portent sur la désorientation lui offre la possibilité d’échanges avec les membres de l’équipe et de collaborations constantes. Des intervenants sont régulièrement invités à partager leurs travaux. "Le sujet étant interdisciplinaire, nous discutons assez souvent avec des géographes, des designers, des psychologues ou des urbanistes. Je suis particulièrement reconnaissant de ce niveau d'activité et d'échange aujourd'hui, car il est vraiment utile de se maintenir à flot au milieu de cette crise sanitaire et des restrictions qui en découlent."

Lauréat du Neuvième prix annuel d'essai du Centre de Psychologie Philosophique de l'Université d'Anvers.

Ce prix est organisé par Bence Nanay, professeur de philosophie à l'Université d'Anvers. Chaque année, l'université invite les candidats à soumettre un sujet lié à la psychologie philosophique. Les candidatures sont ouvertes à tous ceux qui ont obtenu leur doctorat après mai 2012 ou qui effectuent leur doctorat. Cette année, le thème était « les neurosciences et la philosophie ». "L'article que j'ai soumis réexaminait le débat philosophique sur l'auto-localisation et la perception à la lumière de récentes découvertes neuroscientifiques qui indiquent que l'activité de l'hippocampe module le traitement perceptif de manière descendante" précise-t-il. En plus du financement accordé aux lauréats qui sont au nombre de deux cette année, ce prix offre également la possibilité de donner une conférence dans le cadre d’un workshop sur les représentations mentales. "J'admire vraiment l'ensemble des recherches produites par les précédents lauréats, je suis donc très honoré d'avoir remporté le prix. Cela me semble être le signe que je travaille dans la bonne direction. Je suis également très heureux d'avoir été invité à parler de mon travail."

Vers l’étude des formes non spatiales de la désorientation.

Les travaux de Pablo Fernandez Velasco se sont concentrés jusqu’à présent sur la désorientation spatiale, lorsque l'on se perd dans un environnement physique. Mais la désorientation comporte d'autres dimensions qui le passionnent. "Par exemple, Bastien Perroy également doctorant à l'IJN, commence actuellement des travaux très intéressants sur la désorientation temporelle. Et il y a aussi la désorientation sociale, la désorientation politique, ou la désorientation morale. Je crois que lorsque l'on est "perdu dans ses pensées", ou "perdu" dans une situation sociale" ajoute-t-il, "ce sont souvent plus que de simples métaphores. Il y a quelque chose dans ces formes non spatiales de désorientation qui ressemble à la désorientation spatiale que j'ai étudiée jusqu'à présent, à la fois en termes de phénoménologie et en termes de fonction que ces sentiments jouent dans notre cognition." Pablo y voit une question particulièrement pertinente dans le contexte de la pandémie actuelle, durant laquelle nos cadres de référence existentiels ont été ébranlés. C’est le cas, par exemple, de nos routines ou de nos interactions sociales. "Beaucoup de gens se sentent maintenant perdus socialement, temporellement ou politiquement. L'étude de la désorientation peut donc nous aider à mieux comprendre la dynamique de la crise sanitaire, et l'étude de l'expérience des personnes pendant cette crise peut également nous donner un aperçu très précieux des formes non spatiales de désorientation" conclut le jeune chercheur.

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