Soutenance de thèse

L'optimisation de l'apprentissage par récupération en mémoire pour promouvoir la rétention à long terme de nouvelles connaissances

Intervenant(s)
Alice Latimier (IJN)
Informations pratiques
22 novembre 2019
9h30
Lieu

ENS, salle U203, 24 rue Lhomond, bâtiment Jaurès, 75005 Paris

IJN
LNC2

La soutenance sera en français.

Jury :
Franck RAMUS (DR, Ecole normale supérieure) : Directeur de thèse
Roberto CASATI (DR, Ecole Normale Supérieure) : Co-directeur de thèse
Bérengère GUILLERY-GIRARD (MCF, Université de Caen) : Examinatrice
Fabien MATHY (PU, Université Nice Sophia Antipolis) : Rapporteur
Emilie GERBIER (MCF, Université Nice Sophia Antipolis) : Examinatrice
Eric JAMET (PU, Université Rennes 2) : Rapporteur

Résumé :
L’apprentissage scolaire implique généralement une phase d’étude des cours suivie d'une phase d’évaluation pour mesurer l'efficacité de la première. Dans cette conception, la phase de test sert à quantifier la réussite de l’apprentissage mais n’est pas envisagée comme outil d’apprentissage. Pourtant, de nombreuses études ont montré l’importance des tests comme processus actif pour consolider des connaissances à long terme. Une autre pratique peu utilisée est la distribution d’un même apprentissage dans le temps. Alors que le bachotage favorise la mémorisation à court terme, l’espacement des révisions favorise la consolidation sur le long terme. A l’heure actuelle, ces méthodes sont méconnues des enseignants et des élèves alors que les bénéfices de l’entrainement par récupération en mémoireet de l’espacement ont été répliqués de manière robuste avec des populations et contenus variés.

La start-up Didask a créé la plate-forme d’enseignement numérique du même nom en incorporant les résultats de ces recherches menées sur l’apprentissage. En collaboration avec Didask, ma thèse s’est articulée autour de la problématique suivante : quel est l’agencement optimal des phases de récupération en mémoire par rapport à la présentation des contenus d’un cours ?

Le premier chapitre est une introduction générale pour contextualiser cette recherche. Le second chapitre compile les résultats de trois méta-analyses portant sur l’effet de l’apprentissage avec tests répétés et espacés dans le temps. La première méta-analyse a montré un bénéfice significatif de l’apprentissage avec tests espacés dans le temps sur la rétention en mémoire par rapport à l’apprentissage avec tests massés dans le temps (g = 0.74). La seconde méta-analyse suggère en revanche un bénéfice non significatif de l’apprentissage avec tests espacés par rapport à l’apprentissage avec relectures espacées dans le temps (g=0.46). La dernière méta-analyse n’a pas démontré de différence entre un planning expansif d’apprentissage avec tests espacés (accroissement progressif de l’intervalle de temps entre les sessions d’apprentissage) et un planning uniforme (maintien du même intervalle entre les sessions, g = 0.032). L’ensemble de ces résultats confirme le net avantage de l’apprentissage avec tests espacés dans le temps, mais le planning d’espacement optimal n’est pas nécessairement expansif.

Les chapitres 3, 4, et 5 présentent trois expérimentations menées sur Didask. L’objectif était de mesurer les bénéfices de différents emplacements et planning de tests d’apprentissage sur la rétention en mémoire une semaine à un mois après la session d’apprentissage. Les résultats de l’Expérience 1 ont démontré qu’il est préférable de faire des tests d’apprentissage après la lecture du cours pour une meilleure mémorisation plutôt qu’avant. De plus, l’avantage de faire des tests après la lecture du cours était observé sur les informations non testées lors de l’apprentissage. Les résultats de l’Expérience 2 indiquent que le degré de granularité des contenus importe lors de l’apprentissage par relectures successives : un découpage fin permet une meilleure mémorisation qu’un découpage plus grossier. Par contre, l’importance de la granularité disparait dans la condition avec des tests d’apprentissage. Enfin, l’Expérience 3 a répliqué l’effet de récupération en mémoire mais pas l’effet d’espacement. Contrairement aux hypothèses de départ, l’effet de la combinaison des deux stratégies d’apprentissage n’était pas significatif. Néanmoins, l’apprentissage avec tests espacés permettait en moyenne une meilleure mémorisation que l’apprentissage avec tests massés, avec relectures espacées, et avec relectures massées dans le temps. Les résultats de cette thèse apportent une meilleure compréhension sur la manière d’utiliser l’apprentissage par les tests. Ils suggèrent également de nouvelles pistes de recherche sur l’optimisation des apprentissages pour promouvoir la consolidation de nouvelles connaissances.