Prix
Mis à jour
04 octobre 2021
IJN

Charlotte Hauser, lauréate du Grand-prix i-PhD 2021 avec son projet Lang’Action

Charlotte Hauser, Maitresse de Conférences à l’Université Paris 8, a remporté en juillet dernier le Grand prix du concours i-PhD, avec le projet Lang’Action, qui permet aux professionnels de santé de diagnostiquer et soigner un public sourd en détectant des troubles dans la Langue des Signes Française.
Ce projet valorise la production scientifique issue de recherches qu’elle a menées notamment à l’Institut Jean Nicod.

Lang’Action, un projet dont les contours se sont dessinés très tôt

HauserAprès une licence de Sciences du langage à Nantes, Charlotte Hauser décide de se rendre à Paris pour suivre le Cogmaster (aujourd'hui appelé Master de sciences cognitives de PSL). Elle obtient ensuite un doctorat de linguistique en 2019 à l’Université de Paris (anciennement Paris 7) sous la direction de Caterina Donati et Carlo Geraci, Directeur de Recherche à l’Institut Jean Nicod. « Depuis mon doctorat, j’ai participé à différents aspects du SIGN-HUB, un projet de recherche européen (Horizon 2020) qui visait à documenter et préserver le patrimoine linguistique et culturel des communautés Sourdes européennes. Nous avons ainsi créé des grammaires en ligne ou encore développé des outils linguistiques visant à détecter les troubles du langage en Langue des Signes Française, Italienne et Catalanne, entre autres ».

De cette expérience, la jeune chercheuse commence à dessiner le projet Lang’Action. Elle souhaite développer un programme formant les professionnels de santé à utiliser les tests linguistiques développés durant ses années de recherche. Cette offre de formation leur permettrait de diagnostiquer les troubles de la Langue des Signes Française dans un public Sourd. « J’ai pensé qu’il était dommage de développer des outils sans que personne ne les utilise. La probabilité pour que des cliniciens, des orthophonistes ou tout autre professionnel de santé trouve nos recherches et s’en serve pour diagnostiquer des patients Sourds me paraissait très faible, or, comme pour les patients entendants, sans diagnostic il n’y a pas de traitement. On risque ainsi de laisser des personnes privées de leur moyen de communication principal ».

Avec l’aide de Carlo Geraci, son superviseur à l’Institut Jean Nicod, Charlotte se lance dans l’aventure et obtient un financement PSL-Qlife pour aider à la prématuration de son projet. « Au-delà du financement, cela m’a ouvert les portes d’un accompagnement qui facilite grandement la transition entre recherche et entreprenariat ».

Hauser
Le grand Prix du concours i-PhD : un tremplin vers l’entrepreneuriat

La maturation de son projet amène Charlotte Hauser à présenter Lang’Action au concours i-PhD 2021, qui vise à aider des jeunes chercheurs qui souhaitent valoriser des résultats de recherche via la création d’une startup. Le concours, porté par le gouvernement et la banque publique d'investissement Bpifrance, entend récompenser les projets Deeptech, mobilisant des innovations de rupture, définis par Bpifrance comme des nouveaux produits ou services qui n'existaient pas et qui finissent par remplacer une technologie dominante sur un marché. 

La jeune chercheuse remporte un des dix Grands Prix décernés sur les 43 lauréats récompensés. « C’est un formidable tremplin pour mon projet. Il me permet d’accéder à un incubateur de projets et d’échanger avec d’autres porteurs de projets, me permettant d’envisager des collaborations et d’éviter d’être trop seule dans mon aventure. Je vais également profiter d’un pour développer l’opérationnalisation commerciale de mon offre de formations. A travers ce prix, je bénéficie donc d’un réseau, de visibilité mais aussi et surtout d’une aide pragmatique pour me confronter à la réalité du marché et développer mon activité de manière pérenne. »

Une vision sociale du transfert de technologie de la recherche

La jeune chercheuse est convaincue que le travail produit au sein des unités de recherche doit être mis au service de la société au plus vite et ce, souligne-t-elle, « surtout lorsqu’il s’agit de réparer une inégalité sociétale. Je veux non seulement former les professionnels de santé mais aussi les sensibiliser aux questions d’accès au langage afin que mon action ait une portée positive pour toute la communauté Sourde ».

Dans cette logique, Lang’Action aspire à être un modèle d’inclusion, intégrant des collaborations avec des personnes Sourdes à tous les niveaux de l’entreprise : « en tant que prestataires extérieurs, en faisant appel à des associations, mais aussi en tant qu’employés permanents. L’objectif étant qu’à terme, les formations de Lang’Action aident les vrais bénéficiaires : les personnes Sourdes atteintes de troubles de la communication ».

Ce lien entre recherche académique et entreprenariat, Charlotte Hauser souhaite le nourrir et le faciliter dans ses démarches futures : « les langues signées sont encore sous-documentées et la sensibilisation de la communauté médicale trop lente. En commençant à m’ouvrir les portes de la formation des professionnels, j’espère pouvoir les maintenir grandes ouvertes pour proposer de nouvelles formations, basées sur les recherches réalisées dans le domaine, tant en France qu’en Europe. Ainsi, nous disposerions d’un pont permettant de passer plus rapidement de la théorie à la pratique ».

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