Née en 1963, Tiziana Zalla a commencé son parcours résolument pluridisciplinaire et international par des études à Rome à l’université La Sapienza. Elle a ensuite fait partie du premier contingent d’étudiants du DEA de sciences cognitives de Paris créé par Michel Imbert en 1990-1991. Elle a rédigé au CREA avec Daniel Andler et Pierre Jacob une thèse intitulée "Unité et multiplicité de la conscience : une étude critique des théories contemporaines à la lumière d'une hypothèse modulariste" et obtenu son doctorat de l’Ecole Polytechnique en 1996. En parallèle, elle a reçu une formation en neuropsychologie avec Angela Sirigu, puis elle est partie aux Etats-Unis au National Institute of Health pour collaborer avec Jordan Grafman sur les scripts moteurs. A son retour en France en 1999, elle a continué son travail avec Angela Sirigu à l’Institut des Sciences Cognitives sur les déficits moteurs chez les patients préfrontaux et les patients schizophrènes. En 2003, elle est partie à Trieste comme professeur associé en neurosciences cognitives puis en 2005 elle est devenue chercheuse à l’Institut Jean Nicod, où elle dirigeait l’équipe Cognition sociale.  

Au coeur des sciences cognitives, elle était notamment une spécialiste de l’autisme chez l’adulte et du syndrome d’Asperger. Son travail sur les mécanismes sous-jacents aux raisonnements sociaux et moraux et à la prise de décision a été véritablement novateur, utilisant en particulier la méthode de l’eye-tracking pour analyser ce sur quoi l’attention visuelle se porte dans les situations sociales. Elle a ainsi révélé l’influence respective jouée d’une part par nos connaissances préalables et d’autre part, par les informations contextuelles et sensorielles. Elle a en outre montré que la pondération entre ces différentes sources d’information est différente chez les personnes avec autisme dans un projet de vaste envergure en collaboration avec Marion Leboyer (INSERM U 841) à l’hôpital Chenevier-Mondor à Créteil. 

Tiziana Zalla ne se contentait pas d’un travail de recherche fondamental, elle s’était aussi beaucoup investie ces dernières années dans la cause de l'autisme, prenant position publiquement pour une mise à jour des théories et des pratiques en France, et aidant de nombreux adultes avec autisme à obtenir un diagnostic et à mieux comprendre leur mode de fonctionnement. Elle était très active dans notre communauté, se battant aussi pour les droits de la femme dans la science, présidant le Réseau des Chercheurs Italiens en France, et cherchant à développer au sein de l’Institut Carnot un projet sur la valorisation d’individus à haut potentiel dans les entreprises. 


Un moment de recueillement et d'échanges en hommage à Tiziana Zalla aura lieu ce vendredi 4 mai à 14 heures à l'ENS, dans la salle Ribot, au rez-de-chaussée du bâtiment Jaurès au 24 rue Lhomond, 75005 Paris.