Séminaire
Naturaliser les sciences sociales ?

Psychologie de la pauvreté

Intervenant(s)
Coralie Chevallier (INSERM, Laboratoire de Neurosciences Cognitives, ENS)
Informations pratiques
22 mai 2019
18h-20h
Lieu

ENS, salle Théodule Ribot, 24 rue Lhomond, 75005 Paris

IJN
ESC

Depuis une trentaine d’années, de nouvelles disciplines -- au premier rang desquelles la psychologie évolutionniste, l’écologie comportementale, et l’évolution culturelle -- jettent un regard nouveau sur le monde social et les cultures humaines. Par-delà l’hétérogénéité du champ et ses débats internes, ces sciences naturelles de la société partagent une perspective commune : les sciences humaines ont pour objet une espèce biologiqueHomo Sapiens, qui, comme les autres être vivants, a évolué par sélection naturelle. Or cette espèce est naturellement sociale et culturelle, son cerveau ayant été, par l'évolution, façonné par et pour la vie en société. Dès lors, expliquer les régularités comme les variations interculturelles requiert une compréhension de la cognition sociale humaine, génératrice de ces comportements et représentations, ainsi que des pressions de sélection évolutionnaires qui en sont à l’origine. Les sciences sociales gagneraient ainsi à rompre avec le postulat d’une autonomie causale et ontologique du social, ainsi qu’avec leur isolationnisme théorique et méthodologique vis-à-vis la psychologie et la biologie.

Ce séminaire s’adresse principalement aux étudiants, professeurs et chercheurs en sciences humaines (sociologie, anthropologie, économie, histoire, philosophie...), mais plus généralement à tout public intéressé par ces questions. On tentera d’y proposer :

  • Des arguments généraux en faveur de la fécondité scientifique du paradigme naturaliste en sciences sociales ;
  • Des réfutations des arguments selon lesquels naturaliser les sciences sociales reviendrait à justifier l’ordre social et les inégalités, et mènerait donc au conservatisme politique ;
  • Surtout, des séances thématiques menées par des chercheurs spécialisés dans quelques “grandes questions” qui traversent le champ, comme notamment : Comment la cognition contraint-elle les formes prises par la culture et explique les nombreuses régularités interculturelles ? Pourquoi les humains, dans toutes les cultures, croient-ils en l’existence d’entités surnaturelles ? Comment expliquer la forme prise par la coopération humaine, et l’existence, dans toutes les cultures, d’un sens de l’équité ? Existe-t-il des normes morales universelles, et d’où vient que les humains ont des intuitions morales ? D’où vient cette spécificité humaine, interculturellement constatées, qu’est la Raison, c’est-à-dire la capacité à produire et à évaluer des arguments ? Quelle est la place de l’inné et de l’acquis dans le développement des dispositions psychologiques et comportementales des individus ? Quelles conséquences comportementales a la situation de pauvreté, prise comme un “environnement” au sens biologique ? Comment expliquer les “révolutions culturelles” dans l’histoire ?
     

SemianireEleves