Publication
Mis à jour
11 janvier 2018
IJN

Comment nos expériences à court terme affectent nos estimations à long terme de ce qui est bon ou mauvais pour nous ?

Dans une étude publiée le 22 novembre dans Nature Communications, Sacha Bourgeois-Gironde (IJN, ENS), Adrian Fischer et Markus Ullsperger de l’Université Otto-von-Guericke de Magdeburg montrent comment nos expériences à court terme (bonnes ou mauvaises) affectent nos estimations à long terme de ce qui est bon ou mauvais pour nous, en dépit de fait que les individus concernés savent pertinemment que ces expériences de court terme n’ont pas de pertinence pour l’évaluation des conséquences de long terme.

 

Les individus essaient en général de prendre de bonnes décisions. Ces décisions peuvent être basées sur l’expérience ou parfois sur une information abstraite dont nous n’avons pas fait directement l’expérience. C’est le cas quand, par exemple, on nous dit que faire un régime nous fera le plus grand bien alors que nous n’avons encore jamais fait de régime. Il se peut que nous n’ayons pour l’instant jamais grossi après notre absorption régulière de hamburgers, mais nous avons été informés des conséquences à long terme d’une telle alimentation. Dans cette étude, Sacha Bourgeois-Gironde, Adrian Fischer et Markus Ullsperger montrent comment nos expériences à court terme (bonnes ou mauvaises) affectent nos estimations à long terme de ce qui est bon ou mauvais pour nous, en dépit de fait que les individus concernés savent pertinemment que ces expériences de court terme n’ont pas de pertinence pour l’évaluation des conséquences de long terme. Par le moyen d’une étude en imagerie cérébrale fonctionnelle par résonance magnétique les auteurs montrent que les expériences immédiates et l’information de long terme sont traitées par des régions séparées du cerveau. Ils mettent cependant en évidence des régions conjointes au traitement de la récompense immédiate et de l’information de sa valeur à long terme : le striatum médian, une structure cérébrale évoluée anciennement en vue de la sélection et du contrôle de l’action et le cortex frontal, une région associée avec le contrôle cognitif et comportemental. De manière surprenante, les participants à cette étude dont les activités cérébrales dans ces régions conjointes et dans les aires cérébrales dédiées au contrôle reflétaient davantage la prise en compte des expériences immédiates étaient également les individus qui estimaient le mieux les conséquences à long termes de leurs décisions. Comme quoi il vaut mieux prendre sérieusement en compte le plaisir d’un hamburger pour en mesure les effets à long terme que de tenter d’en ignorer complètement la saveur.