Alice Cuvelier’s prints feed the reflections developed in the seminar Philosophies of the Ocean : Représentations de l’Océan (Master Philosophie PSL-EHESS) directed by Roberto Casati, which hosted the interventions of Fabio D’Andrea, Romain Troublé, Marcella Schmidt di Friedberg, Chris Anderson, Gunter Scholtz, and Michael Rescorla’s lessons on The State of The Ocean. They invite the slow and careful observation of the liquid otherness that we do not master conceptually but on which we depend.

"S’en est fini du paysage. Je ne peux plus me contenter de le regarder, je veux l’écouter, le sentir, le laisser me sentir, l’Océan.

En renonçant à la photographie dite « sous-marine » et avec les outils qui sont les miens, je cherche à rendre compte d’une relation à l’Océan qui évolue, me faisant passer de la spectatrice fascinée que j’étais à l’expérience d’une relation symbiotique. Je ne nage pas, je ne navigue pas, je ne plonge pas vraiment, j’essaie simplement de rencontrer un milieu, ses habitants et d’être là. Bien sûr pour cela il faut parfois naviguer, nager, plonger, mais ce n’est pas ces activités qui comptent, et d’ailleurs je les pratiquent mal. Je ne cherche pas à imiter le poisson, à me rendre invisible ou à nouer des liens particuliers avec tel ou tel individu rencontré sous la surface de l’eau. Je me tiens là et c’est tout, dans l’inconnu de ce que ma présence peut changer pour la multitude d’individus qui croisent ma trajectoire.

La photographie, statique, dualiste, avec son spectateur à l’extérieur, face à elle, rejouant le regard du photographe à l’extérieur de ce qu’il cherche à capturer, peine à ne pas renouveler la violence de l’homme sur le monde. Celles-ci sont immenses, elles ne se laissent pas englober du regard, l’eau est immense. Celui qui les regarde ne sait plus où se placer, on perd pied, repères de grandeur comme de domination. On fait peut-être alors l’expérience de l’Océan qui s’étend au delà de la perception autant que de l’horizon. Cette surface photographique qu’il faut parcourir rend les grains argentiques mobiles, le spectateur en mouvement traverse l’image comme l’eau s’écoule d’un endroit à un autre".

Alice Cuvelier - Artiste Chercheuse
Institut ACTE (Arts Créations Théories Esthétique - Paris 1)
LLCP (Logiques contemporaine de la philosophie - Paris 8)