Le projet Plankton Planet, une océanographie innovante et citoyenne pour prendre le pouls de la biodiversité et de la santé des océans sur des échelles spatio-temporelles 

Plankton Planet est une initiative née à la station biologique de Roscoff réunissant des partenaires académiques (CNRS, MIT, Stanford University, University of Maine, University of Auckland) et citoyens (Fondation Tara Océan, France-USA ; Association Plankton Planet, France). L’objectif est de tirer parti de la curiosité et de la créativité des marins et des scientifiques pour prélever du plancton océanique à des échelles sans précédent, afin d’évaluer en profondeur la santé, la biodiversité et l’évolution des océans. L'équipe Plankton Planet met au point des kits d’observation et d'échantillonnage du plancton relativement simples, modulables, qui permettent aux navigateurs (les "planctonautes") d’obtenir des données scientifiques tout au long de leurs navigations. En 2016, le concept a été validé avec le recrutement de 20 équipages de planctonautes et l’échantillonnage et séquençage de plancton sur plus de 250 sites de la planète. L’ambition est maintenant de fournir à des centaines de bateaux un "Plankto-Kit", un mini-laboratoire embarqué qui comprendrait tous les éléments nécessaires pour une mesure intégrale éco/morpho/génétique du plancton. L’instrument le plus ludique et le plus complexe du kit est le PlanktonScope (PkS), un microscope peu coûteux et automatisé qui permet non seulement d’observer le plancton, mais aussi de capturer des images en flux pour identifier et quantifier la biodiversité présente en un site donné. 

OOSP, un projet collaboratif entre un laboratoire de biologie marine et un laboratoire de sciences cognitives

Le déploiement du PkS exige une formation et une adaptation à la diversité des profils de navigateurs. L’utilisateur est-il un plaisancier, une navigatrice de course, un côtier, une hauturière ? Quel est son rapport au milieu marin ? Est-il propriétaire de son bateau ou le loue-t-il ? De quel type de bateau s’agit-il ? Quel rapport a le marin à son bateau ? L’entretient-il, y vit-il ? Navigue-t-il seul ou en équipe ? Comment les rôles sont-ils définis ou attribués ? Y a-t-il des enfants à bord ? Utilise-t-il de préférence des instruments pour la navigation ou se fie-t-il à son expérience et à ses intuitions ? Le PkS est un instrument normé par un protocole d’usage, mais ce protocole doit se décliner en fonction de la multitude des situations et des profils d’utilisateur. 

Un projet collaboratif entre le laboratoire de biologie marine et l’Institut Jean Nicod est né de ces questions. La psychologie cognitive a montré un certain nombre de biais dans la prise de décision et le jugement tels que le biais de confirmation. Les situations d’usage du PkS sont-elles à l’abri de ces biais, et comment atténuer l’impact de ceux-ci ? La psychologie cognitive s’est aussi intéressée à la cognition distribuée sur des équipages hauturiers. Elle peut déployer une palette d’outils méthodologiques et d’analyse pour comprendre le facteur humain dans la démarche scientifique collaborative. 

Ce projet comporte trois objectifs principaux :

1. Étudier in vivo l’appropriation du PkS par une population d’utilisateurs en mer. Cette étude se fait suivant des modalités d’observation participative.
2. Sur la base de ce premier point, rédaction/réalisation des instruments d’accompagnement du PkS (manuel, vidéo).
3. Utilisation les instruments d’accompagnement comme véhicules de sensibilisation et d’appropriation de l’environnement marin.

POUR EN SAVOIR PLUS

• Défi changement climatique 
• Plankton Planet 
• Station biologique de Rosco 
• Roberto Casati