Ondine Simonot-Bérenger, doctorante au Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Computationnelles (LNC2) et à l'Institut Jean Nicod, Marie Loescher et Tahnée Engelen, doctorante et post -doctorante au LNC2, ont vu leurs posters récompensés dans le cadre d'événements scientifiques internationaux prestigieux.
Ondine Simonot-Bérenger a remporté le Best Poster Award lors de la septième édition de la conférence bi-annuelle du European Society for Cognitive and Affective Neuroscience (ESCAN) qui a eu lieu en Belgique en mai dernier.
Ses recherches visent à explorer la dimension collective de l'expérience théâtrale. La jeune femme s'intéresse aux dynamiques émotionnelles qui peuvent émerger au sein du public, entre les acteur·ices, et dans la relation entre les acteur·ices et le public durant les représentations. Ondine étudie plus particulièrement l'influence de ces dynamiques émotionnelles sur l'appréciation individuelle des représentations théâtrales. Télécharger le poster (pdf).
Ondine Simonot-Bérenger est rattachée au Laboratoire de recherche-création SACRe (Université PSL), au LNC2 et à l'Institut Jean-Nicod, sous la direction de Julie Grèzes et de Jérôme Pelletier.
Tahnée Engelen et Marie Loescher ont remporté les 1er et 2e prix au Mind-Brain-Body symposium qui a eu lieu à Berlin en mars 2024.
À la recherche de profils interoceptifs : le cœur, les poumons et l'estomac influencent-ils le cortex moteur de la même manière ?
Le cœur, les poumons et l'estomac produisent tous leur propre rythme, et il est de plus en plus évident que ces rythmes ont une grande influence sur notre être ; la façon dont nous percevons les choses, la façon dont nous les ressentons et le moment où nous bougeons peuvent tous être déterminés par ces signaux provenant de l'intérieur de notre corps. La détection de ces signaux corporels est appelée "interoception" et ne fait généralement pas de distinction entre les différents organes internes. Dans ce projet, nous voulions savoir si l'interoception est effectivement un processus holistique (notre cerveau détecte notre état interne en général) ou si nous pouvons tous avoir des profils interoceptifs uniques. Par exemple, une personne peut être très sensible au rythme de son cœur, tandis qu'une autre est plus fortement liée au rythme de son estomac. Pour répondre à cette question, nous avons utilisé la stimulation magnétique du cerveau pour déterminer dans quelle mesure l'activité du cortex moteur est influencée par les rythmes des organes internes. Nous avons constaté que les trois organes influençaient l'activité de notre système moteur, mais de manière totalement indépendante. Cela signifie que nos participant.es présentaient tous/toutes des profils interoceptifs uniques et qu'ils/elles n'étaient pas simplement des intercepteurs.trices "élevé.es" ou "faibles". Ces résultats ont des implications importantes pour l'étude de l'interoception et les travaux futurs pourraient explorer la pertinence clinique des raisons pour lesquelles certaines personnes sont plus fortement liées à un organe plutôt qu'à un autre. Télécharger le poster (pdf)
Le cerveau reçoit constamment des informations du monde extérieur par l'intermédiaire de sens tels que l'audition, mais aussi de l'intérieur du corps. Par exemple, chaque battement de cœur provoque une réponse neuronale dans de nombreuses régions corticales - la réponse évoquée par le battement de cœur (HER). Ces signaux extéroceptifs et intéroceptifs sont-ils en concurrence pour les ressources neuronales, de sorte qu'il existe un compromis entre le traitement des signaux provenant de l'intérieur et celui des signaux provenant de l'extérieur ? Ou sont-ils en fait intégrés les uns aux autres ? Des données récentes suggèrent que certaines informations interoceptives, en particulier l'HER, pourraient fonctionner comme un signal lié au soi dans le cerveau et, au contraire, bénéficier à certains des processus actifs dans la perception consciente. Comme le débat existe depuis longtemps dans ce domaine, nous avons cherché à tester les deux explications dans le cadre d'une même tâche. Des sujets humains en bonne santé ont répondu le plus rapidement possible à un stimulus tactile léger sur leur main. Nous avons manipulé la pertinence des stimuli pour le sujet en jouant un son simultané près ou loin du corps. Nous avons également enregistré leur activité cérébrale à l'aide d'un électroencéphalogramme (EEG) et leur cœur à l'aide d'un électrocardiogramme (ECG), et nous avons examiné spécifiquement les HER dans la période précédant la stimulation. Tout d'abord, les résultats ont montré que des HER plus fortes prédisaient des temps de réaction plus lents au stimulus. Cette constatation est conforme au principe de compétition : plus le cerveau traite les informations internes liées au cœur, moins il est efficace pour traiter les informations audio-tactiles provenant de l'extérieur. Mais surtout, nous avons également constaté que les HER influençaient la manière dont les sujets réagissaient à la pertinence personnelle du stimulus : des HER plus fortes étaient associées à un temps de réaction particulièrement rapide pour les stimuli pertinents pour soi, et à un temps de réaction particulièrement lent pour les stimuli moins pertinents pour soi. Cela montre que les HER facilitent le traitement de l'auto-pertinence des données externes et qu'elles sont donc, dans certaines zones du cerveau, intégrées plutôt qu'en concurrence avec l'extéroception. Nos résultats montrent que les deux explications ne s'excluent pas mutuellement et que la manière dont le traitement des informations cardiaques influe sur la perception consciente dépend de la région cérébrale ainsi que des propriétés du stimulus.
Les deux jeunes femmes travaillent au sein de l'équipe Subjectivity, Brain and Viscera dirigée par Catherine Tallon-Baudry.