Financement
Mis à jour
01 octobre 2021

Financements ANR : un beau succès pour le DEC

Neuf projets de recherche portés par des chercheuses et des chercheurs du DEC ont obtenu un financement dans le cadre de l'appel à projets générique 2021.

ANR
De gauche à droite : Boris Gutkin, Maria Giavazzi, Sacha Bourgeois-Gironde, Coralie Chevallier, Franck Ramus, Catherine Tallon-Baudry, Hugo Mercier, Jérôme Scakur, Stefano Palminteri, Brent Strickland.

Projet Interoception, Action et Relaxation (InterAX) porté par Catherine Tallon-Baudry, chercheuse au LNC2.

Présentation du projet : L’intéroception, définie comme la perception consciente ou non des signaux corporels internes, comprend des systèmes différents (cardio-respiratoire, gastro-intestinal, genito-urinaire, …) aux fonctions physiologiques distinctes. Pourtant en neurosciences cognitives l’intéroception est appelée le « sens du corps » et considérée de façon très intégrée dans les théories cognitives (ex., le soi) or mécanistiques (couplage corps-cerveau). InterAX a pour objectif de résoudre cette tension entre d’un côté une vision globale de l’intéroception, et de l’autre des voies anatomo-fonctionelles et des résultats expérimentaux qui sont spécifiques d’un organe. Nous déterminerons les propriétés spécifiques d’un organe, ou générales, du couplage entre les rythmes viscéraux (cardiaque, respiratoire, gastrique) et le système moteur chez l’homme. Le système moteur est un candidat idéal, non seulement pour son importance dans la boucle perception-cognition-action mais aussi car chacun des rythmes viscéraux interagit soit avec le moment de l’action, soit avec l’activité du cortex moteur, comme montré récemment dans des expériences distinctes. InterAX permettra de quantifier précisément et simultanément la contribution de chacun des 3 rythmes avec le moment de l’action, l’excitabilité du cortex moteur et la relaxation. 


Projet Intégration des traits cognitifs humains dans les agents intelligents synthétiques afin de comprendre la dynamique du marché (CogFinAIgent) porté par Boris GutkinStefano Palminteri, chercheurs au LNC2 en collaboration avec Damien Challet enseignant à CentralSupelec.

Présentation du projet : Comprendre comment des individus interagissent dans des structures socio-économiques de grande taille telles que les marchés financiers est un défi majeur. Il s’agit d’élucider comment les marchés influencent la prise de décision des individus et réciproquement, d’élucider la façon dont les particularités comportementales humaines modifient la dynamique des marchés financiers. Le but de ce projet est d’étudier en détail ces boucles de rétro-action avec des modèles à base d’agents pourvus d’intelligence artificielle (ABM-AI) qui permettent de relier les niveaux individuel et global. L’originalité de ce projet est d’utiliser la neuroscience computationnelle afin de doter ces ABMs-AI de mécanismes d’apprentissage réalistes et de spécificités cognitives humaines. Réciproquement, ces modèles nous permettront de réaliser des expériences avec des sujets humains afin d’étudier la manière dont les structures globales influencent la cognition humaine. Pour finir, nous analyserons les transactions d’investisseurs professionnels et amateurs afin de valider nos résultats.
 

Projet Apprentissage des valeurs relatives : processus computationnels et fondements neuronaux (RELATIVE) porté par Stefano Palminteri en collaboration avec Sebastian Bouret  chercheur à l'ICM et Shauna Parkes.

Présentation du projet : Le but du projet RELATIVE est celui de mieux comprendre les mécanismes computationnelle et neurobiologique de la représentation de valeurs économiques.  Stefano Palminteri testera ultérieurement l'hypothèse, développée récemment au sein de l'équipe Human Reinforcement Learning, que les valeurs économiques sont apprises de façon dépendante (ou relative) au contexte. Grâce à la collaboration avec les autres partenaires, Sebastien Bouret (ICM - Paris) et Shauna Parkes (INCIA - Bordeaux), ils pourront tester si les mêmes processus sont préservés chez d'autres mammifère (rongeurs, primates), ce qui informera sur la stabilité de nos modèles et permettra l'études de bases cérébrales de manière plus approfondie. 
 

Projet L'économie comportementale et computationelle des décisions contextuellement dépendantes (RANGE) porté par Sacha Bourgeois-Gironde, membre de l'Institut Jean Nicod, en collaboration avec Stefano Palminteri.

Présentation du projet : Le projet Range cherche à rendre compte de quelle manière nos décisions dépendent d'informations présentes ou passées qui ne sont pas ou plus pertinentes. Ce qui est en jeu est la construction de la valeur d'une option, la dépendance contextuelle de cette valeur et, plus généralement, de comprendre ce qui forme les limites d'un contexte de décision. Le but du projet est alors de décrire les mécanismes comportementaux et computationnels qui sous-tendent la dépendance contextuelle des décisions, en recourant à une double expertise en théorie de la décision comportementale (Sacha Bourgeois-Gironde; équipe Environmental concepts and norms, à l'IJN) et en sciences cognitives computationnelles (Stefano Palminteri; équipe Human Reinforcement Learning au LNC²). Nos hypothèses sont que : 1) La dépendance contextuelle des décisions peut être formalisée comme un processus adaptatif à l'amplitude (range) des options rencontrées, et 2) Ce processus est robuste à divers formats informationnels, notamment explicites et implicites.
 

Projet Le rôle de la phonétique dans les processus phonologiques conditionnés par la position de l'accent du mot: entre diachronie et synchronie (DIA-SYN-PHON) porté par Maria Giavazzi, chercheuse au sein de l'équipe DEC Linguistique.

Présentation du projet : D'un point de vue interlinguistique, les segments se trouvant dans des positions prosodiques proéminentes manifestent d'une part une résistance aux processus phonologiques et à la neutralisation, et d'autre part, ils sont fréquemment la cible d'une petite classe de processus phonologiques. Ce projet propose une explication unifiée, basée sur la phonétique, de ces deux comportements apparemment divergents. Il combine trois perspectives d'une manière originale. Premièrement, l'étude des précurseurs perceptifs de ces processus. Deuxièmement, l'étude des propriétés acoustiques, articulatoires et aérodynamiques des segments impliqués dans ces processus, afin de tester l'hypothèse selon laquelle la typologie émerge diachroniquement des effets phonétiques du renforcement de la proéminence. Troisièmement, l'étude de savoir si - et comment - ces précurseurs sont encodés dans la grammaire synchronique de l'apprenant. Le projet rassemble un large éventail de méthodologies expérimentales grâce à une collaboration multidisciplinaire de chercheurs aux expertises complémentaires.


Projet L'attention comme réglage de l'équilibre exploration exploitation (AttEx2) porté par Jérôme Sackur, chercheur au LSCP, en collaboration avec Richard Delorme (Hôpital Robert Debré), Jean-Pierre Nadal (Laboratoire de Physique Statistique), Thomas Villemonteix (Université Paris 8) et Florent Meyniel (CEA, Neurospin).

Présentation du projet : Au croisement de la psychiatrie computationnelle et de la psychologie cognitive, notre projet renouvelle la compréhension de l’attention et de ses troubles. Notre hypothèse est que l'attention est le réglage du compromis exploration-exploitation : la distraction correspond à un privilège pour l'exploration tandis que la focalisation à un privilège pour l'exploitation. Dans une perspective inter-individuelle nous montrerons que la diversité des traits attentionnels s’explique par le réglage de ce compromis. Dans des tâches de décisions et de recherche spatiale, nous modéliserons l’exploration chez des enfants neurotypiques évalués sur une échelle d’attention, ainsi que chez de jeunes patients souffrant de Trouble Déficit d’Attention / Hyperactivité. Enfin, au moyens de tâches verbales, modélisées comme marches aléatoires dans un espace sémantique, nous testerons comment ce même compromis détermine la cohérence du courant de pensées.


Projet La communication scientifique à grande échelle (SCALUP) porté par Hugo Mercier, Brent Strickland, chercheurs à l'Institut Jean Nicod en collaboration avec Nicolas Claidière (LCP, AMU).

Présentation du projet : Dans des domaines tels que la vaccination ou le changement climatique, il existe un écart entre le consensus scientifique et l'opinion publique. Afin d’améliorer la communication scientifique : (i) Nous recherchons les biais psychologiques qui rendent certains contenus scientifiques difficiles à accepter, et développons des messages qui tiennent compte de ces biais. (ii) Nous développons l'argumentation interactive - dans laquelle les scientifiques s'adressent directement aux profanes - par divers moyens tels que des chatbots. (iii) Nous aidons les participants à saisir le degré de compétence des scientifiques, en mettant l'accent sur les prouesses scientifiques, ou en rendant les participants moins surconfiants dans leurs propres connaissances. (iv) Nous rendons plus transparente la force du consensus scientifique en montrant clairement le nombre de scientifiques d'accord et la diversité des approches convergentes qui ont conduit au consensus.


Projet Faire progresser la recherche en éducation et la formation médicale par des expérimentations à grande échelle (SIDESLAB) porté par Franck Ramus, chercheur au LSCP, en partenariat avec le laboratoire d'informatique de Grenoble et l'Université Numérique en Santé et Sport (UNESS)

Présentation du projet : La psychologie a déjà bien établi des phénomènes comme les effets de test, d’espacement, et d’alternance, qui donnent des idées générales pour améliorer l’apprentissage. Mais comment planifier précisément les révisions pour optimiser la mémorisation dans un cursus scolaire réel reste une question largement ouverte. Nous exploiterons la plateforme SIDES, utilisée par 45000 étudiants en médecine pour réviser, s’entrainer, et passer leurs examens sous forme de QCM. Chaque semestre, les étudiants volontaires seront alloués au hasard à une condition expérimentale parmi d’autres, variant des paramètres tels que niveau de difficulté, feedback, et les algorithmes modélisant la mémoire, l’oubli, et la progression de l’élève afin de guider une planification optimale des révisions. Les résultats nourriront la recherche fondamentale sur les apprentissages, tout en permettant d’améliorer progressivement SIDES pour offrir aux étudiants un parcours d’apprentissage fondé sur des preuves d’efficacité.
 

Projet La psychologie de la pauvreté : biais de négativité et préférence temporelles (PovertyCognition) porté par Coralie Chevallier, chercheuse au LNC2, en collaboration avec Elise Huillery, professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine et chercheuse associée au Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab et Lou Safra assistante professeur à Sciences Po.

Présentation du projet : La pauvreté est associée à un large éventail de comportements préjudiciables pour l'individu, allant de l'augmentation du nombre de grossesses chez les adolescentes à la diminution de l'investissement dans la santé et l'éducation. Bien entendu, ces comportements ont de nombreuses causes, mais des travaux récents mettent en évidence le rôle potentiel de la psychologie. Plus précisément, on sait que les environnements difficiles déclenchent des changements psychologiques qui conduisent les individus à investir dans des objectifs à court terme plutôt qu'à long terme. Les répercussions peuvent être importantes et affecter de nombreuses décisions de vie, y compris l'investissement dans la santé, l'éducation, ou même la confiance interpersonnelle. Cependant, la nature exacte des mécanismes cognitifs qui entrent en jeu dans cette association demande à être élucidée. Des travaux théoriques et empiriques suggèrent que la pauvreté peut aggraver la surévaluation des risques. Par rapport aux personnes vivant dans des environnements favorables, les personnes vivant dans l'adversité pourraient en effet être exposées à un double coût : leur environnement est objectivement défavorable et elles pourraient, en plus, le percevoir comme étant encore plus négatif qu'il ne l'est. L'objectif de notre proposition est d'évaluer systématiquement si la pauvreté est effectivement associée à un biais  accru de négativité, d'identifier le mécanisme cognitif par lequel cela se produit et de tester dans quelle mesure le biais de négativité affecte les préférences inter-temporelles pour des choix abstraits et réels liés à la santé et à l'éducation.